La vie d'un poète

Je marche désespérément et d'un pas boiteux
Sur le pont long et étroit de l'incertitude
Qui traverse le fleuve du destin
Et qui se débouche dans la gueule du néant

Je lutte en vain contre le sort
Pour arracher aux griffes du temps
Un moment de pleine délectation
Un sourire du fond du cour ou un jour de bonheur.

J'épouse la malchance dès ma naissance
Et je la porte en moi comme je porte mon corps:
Sans la sentir.
Et si parfois mes dents se décorent d'un sourire
C'est juste pour masquer mon chagrin et tourments.

Quand la nuit jette sa voile mystérieuse et obscure
Sur le jour qui s'enfuit timidement
Moi encore à jeun et ôtager permanent de la faim
J'écoute tristement raisonner de mes intestins
Le concert nuisible et incessant du borborygme.

Ma vie est pareille a une fleur
Qui s'éclot au matin avec plein de beauté
Et qui meurt avant même que la journée s'achève
Pareille à une feuille séchée
Que le vent emporte vers une destination inconnue.

[M]elanie