slam : mots en partage
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slam : mots en partage
Ma langue se délie pour dire solidarité
C’est le mot du partage, c’est le mot de l’autre,
C’est le tien, c’est le mien, c’est le nôtre !
Est-ce un délit de parler de délicatesse
Dans ce monde en déliquescence,
Où l’on s’abonne trop souvent à l’absence,
Où l’on s’adonne au jeu de l’indifférence ?
Le cœur préfère brancher son répondeur
Comme un pace-maker
Plutôt qu’entendre rien qu’un quart d’heure
Le malheur qui frappe juste à côté,
Dans un bing et un bang
Comme un gong qui rend dingue
On devient sourd aux maux de l’autre
Et l’on décroche du genre humain.
Quelque chose cloche
dans le creux de la main.
Notre sonnerie se trouve aphone,
l’appareil social en dérangement.
Nos écouteurs sont occupés par des musiques solitaires,
Nous vivons en nous-mêmes, dans un internement.
Dans l’école de la vie, l’individu règne en maître ;
on professe l’avoir au lieu de l’être,
l’envie personnelle remplace les devoirs maison.
À chacun sa classe, son unique raison,
chacun devient la faune en piétinant la flore.
« Moi, moi, moi, je… »
Le jeu de l’ego, construction bien bancale
d’une société mikado,
nous fait oublier dans une bataille natale
qu’on est tous sur un même radeau,
quelle que soit sa couleur de peau.
Est-ce un défi de mettre, sur cette arche,
un pont entre enfants et patriarches,
au lieu d’un point qui sépare et qui fâche ?
Etre une maille dans un bas de laine
plutôt qu’un trou de soi dans un bas de haine !
Ecrire un mail pour que se mêlent
comme dans un chœur,
toutes nos voix d’encre qui s’entremêlent
harmonieusement, avec bonheur !
Dans une toile virtuelle, se mettre à réseauter
pour se sentir un peu plus exister,
Est-ce un délire de vouloir tisser du lien,
s’ouvrir à l’autre et lui dire : « viens » ?
Dans des agapes conviviales,
tissu social pour tous les âges,
se retrouver pour échanger,
prendre des grappes de courage,
jeter des forces et attrapes
pour lutter contre tout c’qui dérape !
Dans ces endroits accueillants,
où l’on se rencontre, où l’on se raconte,
où l’on recueille déboires et hontes,
on se rend compte de l’essentiel,
et l’on verse comme acompte
un peu de temps comme un peu de ciel.
Dans la grisaille de certaines vies,
on colorie plus qu’on ne rit…
Alpinistes des temps modernes,
tristes sires et visages ternes,
pour s’accrocher à la paroi,
escalader le désarroi,
il faut une cordée bien plus solide,
être accordés à d’autres grimpeurs
pour surmonter toutes les peurs.
Chut ! écoutez à l’oreille de la nuit,
dans la profondeur de vos rêves,
les pourfendeurs de l’injustice,
fondateurs d’espoir complice.
Est-ce un délit de vouloir vivre ensemble
Avec les mots qui nous relient, qui nous rassemblent ?
Cette langue qui se déroule au fil du temps
tisse nos textes et nos paroles, bobine d’instants.
Cette langue qui se déroule au fil du temps
ratisse nos sables de silence,
égrène nos folies et nos souffrances.
Il est des heures où nos déserts
désirent des mots qui chantent…
des airs de solidarité !
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