Le cancer du pantin

Le cancer du pantin

Endors-toi, dans un lit de simplicité,
Jette tous ces mots et ces images compliquées,
Ris seulement dans les brumes violettes,
Souris même l’air niais, devant les bluettes
Qu’un paquet d’allumettes met en scène
Alors que par sa faute les poumons se déchirent

Respire le parfum séché des fleurs des bouquinistes
Qui rentrent le soir à la maison, dans leur malle verte
Rafraîchissant les mots des vieux auteurs de cercueils

Caresse les plis d’un vêtement fumant de lavande,
Qui échappe à la machine à laver les troubles

Réchauffe-toi les mains sous la chaude eau minérale
D'un lavabo rude comme une des pierres grises de l’éducation,

Passe tes doigts sur les lèvres gercées du fumeur distrait
Qui aura laissé sa cigarette s’incruster jusque dans sa peau,
Passe-lui du baume sur la brûlure qu’il s’est imposée,
Par simple idée de symbolisme et de broutille
Qu’il porte à la bouche comme le goulot d’une bouteille de chaleur,
C’est comme le feu dit-on ça réunit les hommes et ça les réchauffe.

Ouvre l’oreille au violon des rues qui s’est perdu dans ce lendemain
Raccompagne-le chez toi et invite dans ta cave humide
Décrasse-le et maquille -toi avec lui avant de sortir dans la nuit
De faire ronronner avec l’archer de tes ennuis tes cordes vocales
Rouillées par le tabac de tes jeunes années, goudronnées par tes idées :

"Ecris entre les versets de ta bible
Le rugissement de vie qui t'enivre
Focus tes pensées sur l'unique cible
D'une liberté âpre qui veut survivre"

Déclare que ton objectif est de percer l'oreille des juges indulgents,
Qui te complimenteront sur tes choix de notes, ton bois bruni par les années
Et ta toux rousse de sang qu'attisent tes poumons par peur et par style
Mais dans le silence des rails défilant dans le noir, dans les étoiles sèches des caves à cigares
Sache que les mots convergent tous au terminus d'une culture administrative.

Peridromie Amphinome

J'aime !